TEXTES
Combat au féminin
Un matin, une brise, un jardin, une valise,
Tu mènes ta bataille, au commissariat
Du fond de tes entrailles ça travaille, ça travaille,
On dit qu’on s’occupera de ton cas.
Banaz, on t’écrase, on te met dans une case.
Une cage, comment embrasser ta puissance avec cette rage ?
Mariage arrangé, une vie de femme bien rangée,
Une fois de plus, ton affaire est classée.
Un matin, une brise, un jardin, une valise,
Un matin, une brise, un jardin, une valise,
Enfant, on t’offrait du rose, quand tu voulais du bleu
Femme, on t’offre des bleus, quand tu veux des roses
La nuit, pleine de larmes couleurs arc-en-ciel
De rêves d’uppercut et de coups de cutter,
Le jour, tu en vois de toutes les couleurs
A la maison, violence et soumission,
Protester avec véhémence, hors-de-question !
Un matin, une brise, un jardin, une valise,
Un matin, une brise, un jardin, une valise,
La peur, les maux de crâne, la peur, toujours la peur,
Tu fuis ton mari, ennemi, ta famille en déni, ta peau, sauve ta peau,
Tu rencontres quelqu’un, l’amour enfin, rien qu’un peu,
Un sourire, de nouveaux souvenirs, une main, des ébats en vain,
Banaz, au nom de la honte qui s’abat sur ta famille
Au nom de ce que tu es, non ce n'est pas banal
Banaz, au nom de la soit-disant honte qui s’abat sur ta famille, on te bat, on te viole, on t’abat.
On te défigure. On étouffe ta voix. On te tue. On t’oublie. On t’enterre.
Un matin, une brise, un jardin, d’une valise, on te déterre.
Crime d'honneur. Du haut de tes 20 ans. Le néant.
Déshonneur. Malheur. Pis-aller. Coutumes d’antan. Lois du clan.
HIStory. Histoire familiale. HERstory / société patriarcale.
Atterrée par ces atrocités, je ne veux pas oublier ton drame.
Que nos plumes continuent à écrire / chanter / crier la vérité
Que nos plumes continuent à être nos armes !
Des graines de sens
Semer tout bas des graines de sens
Commander un arc-en-ciel saignant
Tenir tête à une table rase
Manger des montgolfières d’air pur
Faire courir des souvenirs d’été dans les bois
S’imaginer un jardin orphelin perdu
Trouver sa place dans un terrain vague esseulé
Déjouer l’instant d’avant à tout âge
Débrider l’ennui aigri sous la langue
Casser la gueule au futur
Casser la tirelire de sourires
Envoûter des serpents avec des regards d’enfant
Fixer la peau douce de l’orange
Débrancher la prise des volcans cupides
Dérégler des heures perdues au compte-goutte
Se plier à des jeux d’enfants à l’envi
Regarder les étoiles dans un visage
Atteindre le blanc apaisant de nos songes
S’embrumer dans une couche de silence
Sortir du désert fade de la rage de la nuit
Laisser en l’état l’orage trop gris
Sentir le marron de la terre fraîche
S’enliser dans une dune ____
Abattre les frontières de nos peurs
Accélérer la vitesse de propagation de l’amour infini
Embrasser le monde de bonté de générosité
l’embraser de désirs à la folie
Embrasser son proche embrasser son amour propre
C’est épouser les prémices de son propre envol
C’est s’étonner / de l’envol des moineaux / à sa fenêtre
Poser et reposer sa pâte à modeler de mots,
Sentir l'odeur du gâteau qui cuit qui nous laisse sans mot
Et laisser pousser des graines de sens